La guerre des prix des voitures électriques s’intensifie en Europe
Les voitures électriques n’ont jamais été aussi proches des modèles thermiques en termes de prix. Sous l’impulsion des constructeurs chinois, menés par BYD, la guerre des prix s’intensifie en Europe et bouleverse le marché automobile. Entre baisse des tarifs, riposte des marques européennes et nouvelles habitudes de mobilité, le paysage de l’électrique entre dans une phase décisive.
Les constructeurs chinois redistribuent les cartes du marché
Les prix des voitures électriques chutent en Europe et cette tendance n’est pas près de s’arrêter. En cause : l’offensive des constructeurs chinois bouleverse l’équilibre du marché automobile européen. Leur stratégie commerciale agressive tire les tarifs vers le bas et rapproche, mois après mois, le coût d’un véhicule électrique de celui d’un modèle thermique.
D’après une étude du Center for Automotive Research (CAR) réalisée en septembre dernier, le prix moyen d’une voiture électrique en Allemagne n’excédait plus que de 2 200 € celui d’un véhicule équivalent à moteur thermique. En juillet, cet écart atteignait encore 2 860 €. La convergence est donc rapide et inédite. Pour la première fois, la parité tarifaire entre les deux technologies semble à portée de main.
Cette baisse généralisée doit beaucoup à BYD, le géant chinois de l’électrique. Déjà numéro un mondial des ventes de véhicules électriques devant Tesla, la marque a lancé une véritable guerre des prix sur le Vieux Continent. En Allemagne, elle a par exemple proposé sa compacte Dolphin à moins de 23 000 €, un tarif imbattable pour un modèle 100 % électrique. Cette politique de remises massives a poussé les constructeurs européens à réagir en urgence.
La clé du succès de BYD réside dans sa maîtrise complète de la chaîne de production. Le groupe fabrique ses propres batteries LFP et bénéficie de coûts de production très bas grâce à des usines ultra-optimisées en Chine. Cette intégration verticale lui permet d’afficher des marges confortables tout en cassant les prix. En face, les constructeurs européens peinent à suivre. BMW, Volkswagen et Mercedes ont déjà dû revoir leurs offres et accorder des remises importantes pour écouler leurs stocks de modèles électriques, au risque d’éroder davantage leurs marges.
Une concurrence bénéfique mais à double tranchant
Pour les consommateurs, cette situation a des effets positifs. Les prix des véhicules électriques deviennent enfin plus abordables, ouvrant la voie à une adoption plus massive sur le marché européen. Les modèles d’entrée de gamme, longtemps considérés comme trop chers, deviennent compétitifs face aux voitures thermiques, surtout dans les pays où des aides à l’achat viennent compléter la baisse des prix.
Mais cette guerre des prix n’est pas sans risque pour l’industrie européenne. Elle fragilise la rentabilité des constructeurs historiques, déjà confrontés à des coûts de production élevés et à des investissements massifs dans la transition vers l’électrique. Face à l’invasion des modèles chinois, la Commission européenne a d’ailleurs ouvert une enquête anti-subventions et envisage de nouvelles taxes à l’importation pour rétablir des conditions de concurrence équitables.
Un tournant décisif pour l’automobile européenne
L’année 2025 pourrait bien marquer un tournant dans l’histoire de la voiture électrique en Europe. L’offensive chinoise accélère la démocratisation du véhicule électrique, mais met en lumière la fragilité de l’industrie européenne face à la concurrence mondiale. Si les consommateurs en sortent gagnants à court terme, l’équilibre du marché automobile se redessine.
Pour les villes, les constructeurs et les acteurs de la mobilité, le défi est désormais clair : accompagner cette révolution électrique sans perdre de vue l’enjeu majeur de la décennie, rendre la mobilité plus propre, plus abordable et mieux intégrée dans les usages quotidiens.