Casque à vélo et trottinette : entre obligation et réticences
Alors que la pratique du vélo et des engins de déplacement personnel motorisés (EDPM) comme la trottinette électrique ne cesse de croître en France, la question du port du casque reste un sujet épineux, oscillant entre mesures locales, propositions de loi et résistances des usagers.
Un bilan sécuritaire contrasté
Les derniers chiffres de la Sécurité routière pour 2024 montrent une baisse de 10 % de la mortalité cycliste, malgré l’augmentation du nombre d’usagers. En revanche, les accidents impliquant des trottinettes électriques ont entraîné une hausse de 28 % des blessés graves, dépassant les 900 sur douze mois. Le manque de protection et le non-respect du Code de la route sont pointés du doigt.
Face à ce constat, plusieurs députés ont déposé une proposition de loi visant à mieux encadrer l’usage des trottinettes électriques. En parallèle, certaines villes, à l’instar de Menton et Nice, ont pris les devants. Depuis le 1er novembre, Nice impose le port du casque pour tous les utilisateurs d’EDPM, sous peine d’une amende de 135 euros.
Strasbourg, terrain d’enquête
Dans la « ville du vélo » qu’est Strasbourg, la question divise. Pierre, 37 ans, cycliste au quotidien, craint qu’une obligation générale ne freine la transition écologique : « Ça pourrait freiner les gens qui lâchent leur voiture », explique-t-il à 20 Minutes. Claudine, 56 ans, reconnaît les bénéfices du casque mais avoue qu’elle roulerait moins si c’était obligatoire, invoquant des problèmes de praticité.
Beaucoup de cyclistes, notamment les plus jeunes, évoquent l’oubli, l’encombrement ou l’esthétique pour justifier leur non-port du casque. Arthur, 21 ans, estime que l’obligation pourrait se justifier pour les vélos électriques, « qui vont super vite », mais pas pour les vélos classiques.
À l’inverse, d’autres usagers sont des adeptes réguliers du casque, souvent après une expérience traumatisante ou par souci d’exemplarité. Gilles, 60 ans, a vu une connaissance gravement blessée après une chute sans protection. Gabin, 28 ans, père de famille, ne roule jamais sans, surtout avec ses enfants à l’arrière, mais reste opposé à une obligation généralisée.
Trottinettes électriques : un danger perçu par tous
Si les avis sont partagés pour le vélo, il y a en revanche un consensus sur le danger représenté par les trottinettes électriques. Beaucoup de cyclistes rencontrés plaident pour une obligation du casque pour ces usagers, jugés trop rapides et parfois imprudents.
Du côté des principaux concernés, la conscience du risque existe, même si les habitudes peinent à changer. Elise, 19 ans, étudiante et utilisatrice de trottinette sans casque, admet le danger mais évoque l’inconfort et le manque de praticité. « Si j’étais obligée, alors je le ferai […] surtout parce que je ne peux pas payer une amende », confie-t-elle.
Vers une réglementation à plusieurs vitesses ?
Alors que le débat national se poursuit, la tendance semble être à des réglementations locales et ciblées. L’enjeu est de taille : concilier sécurité routière, liberté individuelle et encouragement à l’adoption de modes de déplacement doux.
La question du casque, au-delà de l’aspect réglementaire, touche à des considérations culturelles, pratiques et même identitaires. Trouver un équilibre entre protection et incitation reste un casse-tête pour les décideurs, alors que les villes continuent de s’adapter à cette mobilité en plein essor.